Femme aux mille casquettes… On pourrait effectivement qualifier Meenakshee Kuntz comme telle! Fille, épouse, mère, entrepreneuse, chef d’entreprise, engagée dans le social, coach… Aujourd’hui, celle qui gère The Good Shop, qui s’épanouit en tant que coach académique et qui se qualifie de « Perma – catalyst Leader » est dans son “happy place” à force de résilience et de frugalité. Certes, la route jusque-là n’a pas été simple pour cette pragmatique dans l’âme, mais, elle est maintenant prête à relever les défis de la vie et à encourager les changements autour d’elle…
Publié dans Investor’s Mag, 22e édition, Oct 22 – Dec 22
Issue d’un milieu aisé, Meenakshee a une enfance heureuse et épanouie. Protégée par ses parents, qui font toutefois preuve de beaucoup d’empathie, de compassion et de générosité, elle grandit tout de même dans une bulle. Avec ses objectifs fixés, la jeune femme part étudier dans un premier temps à l’ile de La Réunion, puis en France. “Je rejoins une école de management, soit une formation plutôt élitiste”, nous dit-elle. De retour à Maurice en 2008, la réalité socio-économique lui fait l’effet d’une claque. “Quand je reviens à Maurice, la bulle dans laquelle j’étais durant toutes ces années est percée. Je commence à côtoyer des gens de milieux divers et je me rends compte que la réalité socio-économique est différente pour chacun. Cette réalité fait très mal! Je commence alors une rétrospection”. De là né son engagement social avec notamment la création de l’ONG “EZER” (femme en hébreux) qui se consacre à l’alphabétisation des femmes ou encore à les enseigner la gestion des budgets ménagers.
Durant les années qui suivent, Meenakshee questionne tout et entame en même temps sa propre transformation. “J’étais tellement brisée par la réalité et par les humains aussi. Je me posais plusieurs questions du genre ‘Pourquoi travaille-t-on?’, ‘Est-ce que tous les efforts sont utiles seulement pour la prochaine génération’ ou ‘peut-on aussi impacter la communauté?’ Finalement, je me suis dit qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse! A 28/29 ans, je passe par un gros changement psychologique et mental dans un premier temps. Je suis une personne très stratégique, donc pas du genre à tout plaquer d’un coup sans réfléchir. Le gros ‘shift’ arrivera plus tard”.
Le coaching, la nouvelle passion…
Entre-temps, elle devient maman de trois enfants, continue d’évoluer professionnellement dans le monde “corporate” et poursuit son changement transformationnel. “A cette époque, je reste toujours dans une place d’inconfort. Il y a une dissonance psychologique, de valeur, de culture, etc.. Mais je ne bouge pas. Je savais ce que je ne voulais pas, mais en même temps j’étais consciente que j’étais en train d’acquérir de l’expertise en restant là où j’étais. Je dois dire que c’est très malheureux d’être à cette place; il y a beaucoup de frustration. Je pense toutefois qu’aujourd’hui je ne pourrai pas faire ce que je fais avec autant de facilité technique, d’expérience et de réflexion si je n’avais pas été dans un endroit aussi dark à une période de ma vie professionnelle… et aussi personnelle puisque ça déborde sur la vie privée qu’on le veuille ou non”, nous explique Meenakshee.
La grande ‘crise’, explique cette dernière, arrivera alors qu’elle a 35 ans. “On peut dire que j’ai fait ma crise d’adolescence un peu plus tard que d’autres (rires). J’embrasse une nouvelle façon de penser et j’apporte du changement à ma vie professionnelle”. Effectivement, après 11 ans comme Directrice Financière et Administrative (DAF) dans divers secteurs, le moment de changer de cap arrive enfin et elle se tourne vers le coaching. “J’ai pris goût à la formation et au fil des années j’ai réalisé que le monde du business pouvait servir une cause beaucoup plus grande que l’enrichissement personnel ou à la création simpliste du PIB ! Les entreprises sont un point de contact et d’influence formidable dans la vie des individus, des communautés et des sphères socio / politico économiques. Il existe une dimension motrice d’impact et de changement social par l’activité des entreprises”. Ces trois dernières années, Meenakshee a été notamment chargée de cours en management et en économie au niveau tertiaire ; est toujours coach académique pour des étudiants qui éprouvent des difficultés d’apprentissage, mais qui voudraient concourir à des examens internationaux, et est consultante à mi-temps…
The Good Shop : the dream job!
Elle ne délaisse pas pour autant le côté social puisqu’elle est également General Manager, à plein temps, de The Good Shop (une entreprise sociale engagée dans l’économie circulaire répondant à une triple finalité d’Éducation, d’Emploi et d’Environnement). “C’est une des meilleures choses qui me soit arrivée que de rencontrer et de partager le rêve de ceux qui ont fondé The Good Shop en 2019. Je connaissais deux choses à l’époque : premièrement, que le travail social (y compris environnemental) se devait d’être professionnel, voire d’expertise et d’être soutenu par une pérennité financière afin de permettre une durabilité des actions. Deuxièmement, que je voulais travailler pour un objectif plus grand qu’une entreprise ou l’identité d’un dirigeant. Je dirais que sur ce plan, c’est le dream job ! C’est à la fois excitant et un sentiment d’humilité que de faire partie d’une entité qui est pionnière dans le modèle d’économie circulaire à objectif social. The Good Shop c’est pour les Mauriciens, c’est une mission qui existe au-delà de ceux qui y travaillent”.
A travers ces nombreuses nouvelles expériences en tant entrepreneur social et coach ou encore en tant qu’engagée pour faire avancer les questions sur le “women empowering” ou l’égalité des genres, Meenakshee apprend également à devenir une permacultrice du business… “Faire du business, c’est toujours vouloir réussir plus vite et gagner gros. Dans cette nouvelle optique de permaculture, je mise sur une approche intuitive grâce à diverses questions, telles que “Est-ce que je suis uniquement un acheteur, un “solution provider”, un catalyseur, un fournisseur?”, “Quel est mon écosystème et quelle est ma symbiose avec les autres agents économiques?”, “Est-ce que je dois forcément bouffer toutes les parts du marché ou serait-ce plus efficace d’avoir deux ou trois acteurs qui répliquent le même modèle?””. Est-ce que ce business model paraît candide? Notre interlocutrice pense que cela peut paraître ainsi, mais elle assure que cette façon d’opérer n’est pas en cassure avec le traditionnel. “C’est un élément innovateur qui peut s’intégrer dans un écosystème existant”, dit-elle.
Vers le business à impact social
Et l’innovation c’est un peu son dada à Meenakshee… En effet, ces dernières années elle essaie de faire évoluer le monde des affaires en donnant les moyens à ceux qui le souhaitent de faire du business autrement. “La culture d’entreprise est un concept qui n’existe pas je pense. La culture ressemble à l’identité individuelle du gérant. Par contre, les valeurs sont différentes. Quand j’ai compris cela, cela a fait un gros déclic dans ma tête. Aujourd’hui on parle d’économie frugale, de résilience micro économique, d’innovation catalytique. Je crois sincèrement que nous sommes dans une nouvelle saison économique, celle de faire les affaires différemment. Il y a de plus en plus d’entreprises qui souhaitent intégrer des décisions à impact social ou augmenter leur externalité positive. C’est là qu’il m’arrive d’intervenir car il est important de ne pas interrompre l’activité primaire”.
Celle qui s’est réinventée en cours de route et qui est ouverte à la transformation ne compte pas s’arrêter là! Selon Meenakshee, il y a encore tant de choses qui lui restent à accomplir. “Je pense qu’il me reste encore à faire, même si je suis dans un happy place aujourd’hui. Et pour cela, je suis super reconnaissante de certaines personnes comme Marc Dalais ou encore Darmen Ellayah. Parfois, Dieu permet que certaines personnes soient là au bon moment au bon endroit pour nous permettre d’avancer. Ces personnes, souvent, croient en nous au moment où l’on doute encore…”. L’un des souhaits de Meenakshee est d’ailleurs d’être cette personne pour d’autres! “Répliquer c’est très important pour moi. Je veux être cette personne qui inspire ou qui permet le changement transformationnel chez l’autre…”
Passionnée par… : La deuxième chance ou la rédemption me passionne. Chacun à la capacité d’être une nouvelle créature. Le changement transformationnel est génial. C’est exceptionnel de voir les gens prendre conscience de leurs potentiels.
N’aime pas… : L’orgueil. On dit que l’orgueil précède la chute et ce n’est pas faux! Ça bloque tellement de choses…
Récent challenge accepté : Je fais à présent partie de l’équipe de The Global Leadership Summit Mauritius. GLS est un groupement international de coachs en leadership, d’auteurs, d’experts professionnels, de business leaders qui croient dans la fondation de valeurs et dans le fait que l’activité professionnelle peut apporter le changement transformationnel autour de soi. Que par leurs propres témoignages en tant que personnes et professionnels, ils puissent influencer, inspirer et impacter d’autres à emboîter le pas. Ce sont des gens qui eux-mêmes ont connu un déclic pour vivre une vie professionnelle au-delà de leur simple activité primaire.