Kabir Ruhee, CEO, Rogers Capital, revient sur la décision du Groupe d’Action Financière (GAFI) de retirer Maurice de sa liste grise. Il souligne la nervosité des investisseurs lorsque le pays était encore dans sur cette liste. “Quand on sait que la matière première de l’investissement s’appelle la confiance, on comprend vite que sortir de cette liste était la priorité des priorités et un impératif national”, dit-il. Selon lui, le centre financier mauricien sort grandi de cette épreuve.
Comment accueillez-vous la décision du GAFI de retirer Maurice de sa liste grise ?
Kabir Ruhee : Avec beaucoup de soulagement ! Notre présence sur la liste grise du GAFI était telle une épée de Damoclès suspendue sur le centre financier international mauricien et sur l’économie mauricienne de manière plus générale.
Les autorités ainsi que les opérateurs du privé se sont fortement mobilisés et ont œuvré avec un sens de l’urgence pour sortir Maurice de la liste. Avec la réouverture complète et réussie de nos frontières, ce sont là deux très bonnes nouvelles en ce qu’il s’agit de la relance de notre économie.
Maurice a été placée sur la liste grise du GAFI depuis plus d’un an et demi. Quelles ont été les répercussions pour le centre financier mauricien ?
Kabir Ruhee : Même s’il est difficile de quantifier les effets directs à savoir le manque à gagner pour la juridiction mauricienne durant ces 18 derniers mois, il s’agissait avant tout d’un problème de crédibilité et de réputation. Quand on sait que la matière première de l’investissement s’appelle la confiance, on comprend vite que sortir de cette liste était la priorité des priorités et un impératif national. Même si, fort heureusement, il n y a pas eu d’exode significatif de structures d’investissement ou de capitaux étrangers vers d’autres centres financiers, nous avons toutefois mesuré à quel point certains investisseurs dont les IFDs en particulier étaient nerveux de « transact » à travers notre pays.
Qu’est-ce que ce « delisting » devrait rapporter au centre financier mauricien ?
Kabir Ruhee: Une sérénité retrouvée et des perspectives de rebond qui, espérons-le, seront encore plus prometteuses. La mobilisation des différents acteurs (l’Etat, les autorités régulatrices et les opérateurs du privé) s’est révélée, une fois de plus, la formule gagnante. Notre centre financier sort grandi de cette épreuve car il a su convaincre de sa capacité à adopter les standards les plus stricts au niveau international quant à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Le travail n’est toutefois pas terminé car il nous appartient de maintenir une dynamique de « continuous improvement ».
Qu’en est-il de la liste noire de l’UE ? Quand Maurice pourra-t-il sortir de cette liste, selon vous ?
Kabir Ruhee: L’Union Européenne s’est engagée à retirer la juridiction mauricienne de sa liste noire six semaines après notre sortie de la liste grise du GAFI. La confirmation devrait donc être actée d’ici début décembre au plus tard.